La protection de l'environnement et du climat et la gestion durable des ressources naturelles sont les gros défis de notre temps. La navigation spatiale intervient de manière significative pour maîtriser ces problématiques. Les satellites d'observation de la Terre nous aident à comprendre les rapports complexes de nos écosystèmes à l'échelle mondiale, à surveiller notre environnement et à optimiser l'utilisation des ressources naturelles. Sans les données fournies par les satellites, il serait impossible de formuler des prévisions météorologiques. Les activités menées dans l'espace sont également à la base de notre communication, de nos infrastructures et de notre mobilité sur Terre. Sans compter que le spatial est un domaine économiquement rentable.
Pourquoi la Suisse, qui est un petit pays, doit-elle participer à des programmes spatiaux?
Le spatial est un domaine stratégique. Notre société est de plus en plus dépendante des infrastructures et applications basées sur la technologie spatiale. La Suisse est membre de plein droit de l'Agence spatiale européenne ESA et participe par ce biais à de nombreux projets internationaux. Cette collaboration permet à la fois à la haute technologie, mais aussi à la science de notre pays, d'accéder aux données et aux technologies actuelles et futures qui sont les fruits des programmes spatiaux. En tant que place de recherche et de formation, et en tant que place industrielle, la Suisse tire profit de son appartenance à l'ESA puisque celle-ci lui permet de créer des emplois hautement qualifiés et durables.
Le spatial est trop cher. L'argent pourrait être mieux investi.
Le spatial intervient dans de nombreuses tâches qui incombent à l'Etat. Parmi elles: la science, la recherche environnementale, l'établissement de prévisions météorologiques, la prévention des catastrophes et la sécurité. Chaque année, la Suisse participe à hauteur de 200 millions de francs au budget de l'Agence spatiale européenne ESA. Cela correspond à un peu moins de 25 francs par habitant. Cette participation nous permet de prendre part aux décisions concernant les projets de coopération européenne. Les retours sur investissements sont multiples: la population suisse bénéficie des applications spatiales telles que celles qui interviennent dans la recherche environnementale et climatique, la prévention des catastrophes, la sécurité, la navigation, les télécommunications ou encore les prévisions météorologiques. Elle permet aux scientifiques d'accéder aux programmes de soutien internationaux et à notre industrie de se voir confier des mandats importants. En outre, grâce aux transferts de technologies, notre société bénéficie des technologies spatiales également dans d'autres domaines.
L'industrie spatiale suisse a-t-elle vraiment un avenir? Le spatial n'est-il pas trop élitiste pour nous?
Les entreprises suisses sont au premier plan de la technologie spatiale. Notre technologie de pointe contribue de manière significative à l'avancée de l'astronautique. Que cela concerne des structures de satellites, des mécanismes et instruments de mesure, ou encore des équipements terrestres utilisés pour le montage, les tests et le transport des satellites: le progrès suisse est présent partout. Même lors du transport dans l'espace, à travers notamment les coiffes de charge utiles, les systèmes de mesure, ou encore les composants des propulseurs.
Ne devrions-nous pas laisser faire les pays qui en ont les capacités? Les grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, Inde) n'ont-elles pas dans tous les cas le dernier mot?
Les grandes puissances sont effectivement très actives dans le domaine spatial. Et cela fait partie des principales raisons pour lesquelles l'Europe doit mener elle aussi des programmes spatiaux significatifs. Prenons l'exemple des satellites de navigation. Le plus connu et le plus ancien d'entre eux est le système américain «Global Positioning System», ou GPS. Celui-ci étant sous le contrôle de l'armée américaine, l'Europe a décidé de développer un système civil européen indépendant des Etats-Unis: Galileo. L'appartenance de la Suisse à l'Agence spatiale européenne ESA contribue à donner aux Européens une plus grande marge de manoeuvre et une plus grande indépendance dans le domaine spatial.
Pourquoi la Suisse doit-elle s'engager davantage?
Aujourd'hui, la Suisse a l'opportunité de se positionner encore mieux dans l'Agence spatiale européenne. Des décisions doivent en effet être prises au cours des prochains mois qui poseront les jalons du futur. Les ministres concernés des pays membres de l'ESA doivent par exemple prendre des décisions à l'égard des futurs programmes européens en hiver à Lausanne. En outre, le message sur la recherche 2017–2020 prévoit une augmentation, réduite mais cruciale, pour les projets technologiques nationaux, bilatéraux et multilatéraux, qui permettra à l'industrie suisse de mieux se placer par rapport à ses concurrents étrangers.